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  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016 : programme complet et détaillé

     

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    Cet article sera régulièrement mis à jour au fur et à mesure des annonces sur la programmation.

    Retrouvez ce même article sur http://inthemoodforcinema.com.

    Lors des deux premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (créé par Sam Bobino -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif et auparavant des Prix des Lumières dont je vous ai souvent parlé ici- et Christophe Barratier dont je vous recommande au passage l’excellent film « L’Outsider« , un des meilleurs films de l’année dont vous pouvez retrouver ma critique en bonus ci-dessous et qui sort en DVD/Blu-ray ce 26 octobre 2016 , Christophe Barratier qui est bien sûr aussi le réalisateur notamment du film aux 8 millions d’entrées « Les Choristes »), je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de  la sereine et somptueuse ville de La Baule, un festival pour lequel j’ai eu un coup de cœur tel que l’une des nouvelles de mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma « Les illusions parallèles », publié en septembre 2016, aux Editions du 38, se déroule dans le cadre de celui-ci et de son édition 2015. J’aurai d’ailleurs le plaisir de dédicacer ce recueil et mon premier roman « L’amor dans l’âme » (roman sur un deuil et un amour impossibles au cœur du Festival de Cannes) au Palais des Congrès Atlantia de La Baule qui tiendra cette année lieu de village du festival (une des belles innovations de cette 3ème édition sur laquelle je reviens plus bas), le dimanche 13 novembre de 15H30 à 16H30, ce dont je me réjouis d’autant plus que, en plus d’être le cadre d’une de mes nouvelles et désormais d’un formidable festival de cinéma, La Baule est une station balnéaire que je fréquente depuis l’enfance et dont j’aime passionnément la douce mélancolie, en particulier à cette saison.  A la même heure, Bertrand Teissier (ancien rédacteur en chef du magazine Gala et réalisateur du documentaire « Vivre et danser » sur Gene Kelly) dédicacera ses livres « Belmondo l’incorrigible », « Delon-Romy, un amour impossible » et « Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique».

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    Retrouvez mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014 et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015 qui devraient vous donner envie de découvrir ce festival si jamais l’enthousiasmant programme de cette édition 2016 que je vous détaille ci-dessous n’y suffit pas. J’avoue que j’ai longtemps rêvé d’un festival de cinéma dans cette ville qui m’est chère et qui est l’écrin parfait pour cette manifestation qui met le cinéma et la musique à l’honneur. Ainsi, « depuis la dernière édition, en 2008, du Festival International de Musique et Cinéma d’Auxerre, aucun autre festival d’importance n’avait remis à l’honneur le mariage entre musique et cinéma en France.  Le Festival du Cinéma et Musique de Film de la Baule s’inscrit dans le prolongement de ce festival et des festivals audacieux et créatifs, notamment autour de l’art musical plébiscité depuis de nombreuses années par le public Baulois et les amoureux de la musique de film en général. »

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    Une parenthèse pour vous indiquer mon article avec mes bonnes adresses à La Baule et Pornichet ici -hôtels et restaurants- (et notamment du Groupe Barrière, partenaire officiel du festival). Vous n’aurez ainsi plus aucune excuse pour ne pas venir au festival.

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    Je ne manquerai donc évidemment pas l’édition 2016 que je couvrirai de l’ouverture à la clôture et je vous la recommande vivement dès à présent, d’autant plus que la programmation est vraiment alléchante et même impressionnante pour un festival qui en est seulement à sa troisième édition. Un festival à l’ambiance familiale et festive par ailleurs très accessible (comme vous le verrez en bas de cet article dans les informations pratiques) et ouvert à tous. Alors, qu’attendez-vous pour venir à La Baule du 9 au 13 novembre?

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    Le festival 2016 aura en effet lieu du mercredi 9 au dimanche 13 novembre au Cinéma Le Gulf Stream (pour les séances) mais aussi au palais des Congrès Atlantia (pour les concerts, émissions, dédiaces, expositions…).

    Le jury sera présidé par le comédien, scénariste et réalisateur Richard Berry. Il sera accompagné de l’acteur Richard Anconina, de la présentatrice et productrice TV Maïtena Biraben, de l’auteur/compositeur et actrice Inna Modja et du compositeur arrangeur Pierre Adenot (qui a composé les musiques originales de nombreux films, récemment du formidable « Nos futurs » de Rémi Bezançon (ma critique, ici), et qui a été récompensé, entre autres, par le Grand Prix de la SACEM pour la musique du film « Les aveux de l’innocent » de Jean-Pierre Améris, il a aussi collaboré avec de nombreux artistes de variété dont Calogero (« Face à la mer »), Florent Pagny (« Vieillir avec toi ») ou encore Sinclair (« Supernova Superstar »)…

    Le jury remettra notamment l’Ibis d’or, trophée attribué l’an passé au bouleversant « A peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid dont vous pouvez retrouver ma critique, ici.

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    « A l’image du cinéma et de la musique, qui sont des arts qui voyagent librement d’un continent à un autre et que l’on retrouve partout dans le monde, l’Ibis est un oiseau migrateur que l’on trouve autant en Afrique, en Amérique, en Asie et depuis peu aussi dans l’estuaire de la Loire et les marais de Guérande, aux portes de La Baule, où il a élu domicile (l’Ibis sacré). L’Ibis d’Or est dessiné et modelé par Joëlle Bellet, artiste spécialisée dans la sculpture bestiaire à qui l’on doit déjà les panthères des « prix des Lumières ». L’Ibis d’Or récompense, chaque année le meilleur film inscrit en compétition officielle. 6 autres Ibis d’Or sont aussi décernés. »

    –          Ibis d’Or du Meilleur Film

    –          Ibis d’Or de la Meilleure Musique de Film

    –          Ibis d’Or du Meilleur Scénario

    –          Ibis d’Or du Meilleur Acteur

    –          Ibis d’Or de la Meilleure Actrice

    –          Ibis d’Or du Meilleur Court Métrage

    –          Ibis d’Or Prix du Public

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    HOMMAGE A LALO SCHIFRIN

    Le grand évènement du festival sera cette année l’hommage rendu, en sa présence, au grand compositeur d’origine argentine, Lalo Schifrin, compositeur, notamment, des bandes originales des films « Les Félins », « Bullitt »,   « L’inspecteur Harry » ou encore « Rush hour » plus récemment mais aussi de séries comme « Mannix », « Starsky et Hutch » sans oublier évidemment « Mission Impossible » ( la musique que vous retrouvez dans la bande annonce du festival ci-dessus).

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     A cette occasion, un grand ciné-concert « Hommage à Lalo Schifrin » sera donné en sa présence au Palais des Congrès, Atlantia, (vous pouvez d’ailleurs d’ores et déjà réserver vos places, en cliquant ici) et une rétrospective en partenariat avec la Cinémathèque Française, lui sera consacrée.

    Un Ciné-Concert hommage lui sera dédié, le soir de la cérémonie de remise des Prix du 3ème Festival du Cinéma et Musique de film au Palais des Congrès Atlantia, le samedi 12 novembre 2016. L’occasion de (re)découvrir les compositions du maître les plus célèbres, grâce à la complicité de Jean-Michel Bernard (qui dirigera le concert et qui sera au piano), Pierre Boussaguet (contrebasse, guitare basse), François Laizeau (batterie), Eric Giausserand (trompette), Charles Papasoff (saxophone, clarienette, flûte), Daniel Ciampolini (percussions) six de nos plus grands musiciens ainsi que Kimiko Ono au chant (qui interprètera la chanson de « The Fox »).

    La Cinémathèque Française, en partenariat avec le Festival, rendra aussi hommage à Lalo Schifrin en lui consacrant  une grande rétrospective. L’inauguration de cet évènement aura lieu le Mercredi 9 novembre à 20h à La Cinémathèque à Paris, en présence de Lalo Schifrin et fera l’objet d’un dialogue avec le grand compositeur, suivi d’une surprise musicale et de la projection de « L’Inspecteur Harry » de Don Siegel, avec Clint Eastwood. Animée par Stéphane Lerouge et Bernard Benoliel, cette rencontre avec le public  sera précédée, à 19h, d’une Signature par Lalo Schifrin du coffret Universal Music France.

    Lalo Schifrin succédera ainsi aux compositeurs Francis Lai (à qui le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule avait rendu hommage en 2014) et Michel Legrand (à qui le festival avait rendu hommage en 2015).

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    Une exposition de photos spécialement dédiée à Steve McQueen, en partenariat avec « la Galerie de l’Instant », sera aussi à découvrir à l’espace culturel de la Chapelle Sainte-Anne du 27 octobre au 13 novembre 2016.

     

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    A travers ces deux grands artistes, c’est donc le cinéma policier américain de la fin des années 60 et début 70 qui sera mis à l’honneur cette année.  Autant de raisons qui expliquent le choix de l’affiche de cette 3e édition, représentant la mythique voiture de « Bullitt », qui après de nombreuses (més)aventures cinématographiques et après avoir bourlinguée sur le bitume des rues de San Francisco, termine enfin sa poursuite, non pas face à l’océan au bout de la mythique « Route 66 », mais face à l’océan dans la belle Baie de La Baule, véritable havre de paix où il fait bon vivre.

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    LE VILLAGE DU FESTIVAL

    Ne s’endormant pas sur ses acquis, le festival proposera aussi cette année, un village du Festival au palais des congrès Atlantia…

    Un « Village du Festival » sera  en effet créé cette année au coeur même du Palais des Congrès de La Baule Atlantia et proposera au public de rencontrer les professionnels du cinéma et de la musique de film mais aussi de découvrir les coulisses du 7ème art avec des stands et ateliers dédiés. De nombreuses animations seront aussi proposées : mini-concerts, débats, expositions, séances de dédicaces… Une librairie proposera également tous les ouvrages indispensables sur la musique de film.  France Bleu y installera son studio radio et réalisera ses émissions en direct, en présence de nombreuses personnalités, tout comme « la TV du Festival »…

    LA COMPETITION

    Cette année encore, la compétition s’annonce passionnante et palpitante. Pour avoir déjà vu deux films en lice (« Tanna » -au Festival du Film de Cabourg où il était en compétition- et « Paterson » – au Festival de Cannes où il était là aussi en compétition-) et pour avoir entendu dire beaucoup de bien de certains autres et notamment  de « Carole Matthieu » de Louis Julien Petit, je peux vous le garantir. En ouverture, les festivaliers auront également le plaisir de découvrir « Tour de France », la comédie dramatique de Rachid Djaïdani avec Gérard Depardieu, également très attendue.

    1/ En ouverture du festival, « Tour de France », comédie dramatique de Rachid Djaïdani, avec Gérard Depardieu et Sadek, musique de Clément Dumoulin (France) – Date de sortie 16 novembre –

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    Far’Hook est un jeune rappeur de 20 ans. Suite à un règlement de compte, il est obligé de quitter Paris pour quelques temps. Son producteur, Bilal, lui propose alors de prendre sa place et d’accompagner son père Serge faire le tour des ports de France sur les traces du peintre Joseph Vernet. Malgré le choc des générations et des cultures, une amitié improbable va se nouer entre ce rappeur plein de promesses et ce maçon du Nord de la France au cours d’un périple qui les mènera à Marseille pour un concert final.2/

    2/ « A Serious Game », drame de Pernilla August, avec Sverrir Gudnason, Karin Franz Körlof, musique de Matti Bye (Suède / Danemark / Norvège) -Pas de date de sortie –

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    Dans la Suède du début du XXe siècle, Arvid Stjärnblom, un jeune journaliste, et Lydia Stille, fille d’un artiste peintre, tombent éperdument amoureux. Mais leur idéal d’une passion pure et inconditionnelle se heurte à la réalité de l’époque…

    3/« Paterson » de Jim Jarmush, musique de Sqürl (USA) – Date de sortie 21 décembre –

    Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes – de William Carlos Williams à Allan Ginsberg aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

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    4/« Go Home », drame de Jihane Chouaib, avec Golshifte Farahani, musique de Bachar Khalifé & Béatrice Wick (France / Suisse / Belgique / Liban) – Date de sortie 7 décembre –

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    Quand Nada revient au Liban, elle est devenue une étrangère dans son propre pays. Elle se réfugie dans sa maison de famille en ruines, hantée par son grand-père mystérieusement disparu pendant la guerre civile. Quelque chose est arrivé dans cette maison. Quelque chose de violent. Nada part à la recherche de la vérité.

    5/« Tanna », drame / romance de Martin Butler & Bentley Dean, avec Mungau Dain, Marie Wawa, musique de Anthony Partos (Australie / Ni-Vanuatu) – Date de sortie 16 novembre –

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    Dans l’une des dernières tribus traditionnelles du monde, une jeune fille rompt son mariage arrangé pour s’enfuir avec l’homme qu’elle aime. Les amoureux déclenchent ainsi une guerre qui menace leur clan. Tanna est l’histoire vraie qui bouleversa la vie des habitants d’une petite île du Pacifique et fit réviser la constitution d’un pays.

    Mon avis: « Tanna » nous emmène en plein Pacifique, sur une petite île recouverte d’une luxuriante jungle et dominée par un volcan en activité. La tribu des Yakel y rejoue une histoire vraie venue de leur passé, une histoire faite d’amour, de fidélité et de renoncement. La justesse des interprètes est sidérante. Les images sont d’une beauté à couper le souffle. La musique procure un souffle épique à l’ensemble. L’histoire, celle d’un amour impossible, est tragique et bouleversante. Hymne à la liberté, à la nature, ce film aux accents de Roméo et Juliette, plus qu’un coup de cœur est un coup au cœur.

    6/« La Tortue Rouge », film d’animation de Michaël Dudok de Wit, musique de Laurent Perez Del Mar (France / Belgique / Japon) – Date de sortie 29 juin 2016 –

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    À travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, La Tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain.

    7/« Carole Matthieu » téléfilm dramatique de Louis Julien Petit, avec Isabelle Adjani, Lyes Salem, musique de Laurent Perez Del Mar (Fr.) – Diffusion sur Arte le 18 novembre –

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    Médecin du travail dans une entreprise aux techniques managériales écrasantes, Carole Matthieu tente en vain d’alerter sa hiérarchie des conséquences de telles pratiques sur les employés. Lorsque l’un d’eux la supplie de l’aider à en finir, Carole réalise que c’est peut-être son seul moyen de forcer les dirigeants à revoir leurs méthodes.

    LES AVANT-PREMIERES HORS COMPETITION

    Là aussi, le programme est impressionnant. Je vous recommande d’ores et déjà « Born to be blue », un film nimbé d’une mélancolie envoûtante et foudroyante de beauté…comme un air de jazz joué par Chet Baker. Comme les derniers soupirs d’un artiste. Les plus intenses et émouvants. Retrouvez ma critique complète ci-dessous. Parmi les films en avant-première, vous pourrez également découvrir le nouveau film très attendu d’Hugo Gélin, « Demain tout commence », après le formidable « Comme des frères » (dont je vous avais dit tout le bien que j’en pensais dans ma critique, ici), mais aussi le dernier film de Benoît Jacquot que j’attends avec impatience, comme chacun des films de ce cinéaste ( cliquez ici pour retrouver ma critique d’un de ses derniers films « 3 cœurs ») ou encore la comédie dramatique d’Edouard Baer « Ouvert la nuit ». Drames, comédies, film d’animation, documentaires…il y en aura pour tous les goûts dans cette riche sélection d’avant-premières.

    1/ « The Music Of Strangers » documentaire musical, de Morgan Neville (USA)

    – Date de sortie 16 décembre –

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    Pour recréer du lien entre les cultures, après le 11 septembre, Yo-Yo Ma, star mondiale du violoncelle, part sur les routes avec le Silk Road Ensemble, groupe de musiciens composé d’artistes originaires des pays de la Route de la Soie (Chine, Iran, Syrie, Turquie, Espagne…). Pour chaque musicien, une histoire qui se confond avec la grande Histoire des peuples. Et surtout un regard empreint d’humour et de poésie.

    2/ « Wulu «  thriller, drame de Daouda Coulibaly avec Inna Modja, musique de Eric Neveux (Mali/Fr./Sénégal)

    – Pas encore de date de sortie –

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    Ladji, un jeune chauffeur de bus cherchant à s’en sortir va parvenir à ses fins en entrant dans le crime organisé.

    3/« Demain tout commence », comédie dramatique de Hugo Gélin avec Omar Sy, Clémence Poésy, musique de Rob Simonsen, musique superviseur : Raphaël Hamburger (Fr.)  – Date de sortie 7 décembre –

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    Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, alors que Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables, la mère de Gloria revient dans leur vie pour récupérer sa fille…

    4/« Beyond Flamenco » documentaire musical, de Carlos Saura avec Sara Baras, Ara Malikian, Giovanni Sollima (Espagne)

    – Date de sortie 4 janvier 2017 –

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    « Beyond Flamenco » est un documentaire musical consacré à une danse traditionnelle, très connue en Espagne : la Jota. Semblable au fandango, elle date du XIIe siècle. Après « Sevillanas », « Flamenco » et « Fados », consacrés au flamenco, le cinéaste Carlos Saura revient une nouvelle fois pour explorer la culture de son pays et plus particulièrement celle de sa région natale, située au nord, Aragon. Un voyage qui permet de rencontrer ceux et celles qui pratiquent la Jota et des spécialistes qui donnent leur avis sur l’avenir de ce chant folklorique. Le réalisateur entend ainsi laisser un témoignage historique pour les générations futures.

    5/« Born to be blue », drame, musical, biopic de Robert Budreau, avec Ethan Hawke (USA)

    – Date de sortie 11 Janvier 2017 –

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    L’histoire vraie, et tragique, du trompettiste de jazz Chet Baker, depuis son comeback dans les années 70 jusqu’à sa disparition brutale…

    Mon avis:

    Ethan Hawke et Robert Budreau, le réalisateur de ce biopic (qu’il serait d’ailleurs réducteur et même inexact de qualifier ainsi) ont en commun une véritable passion pour le trompettiste et chanteur de jazz Chet Baker. L’acteur américain avait en effet déjà travaillé sur le scénario d’une journée dans la vie de Chet Baker, le James Dean du jazz, un film qui qui n’a jamais été tourné. Le film alterne les temporalités, la couleur, souvent magnétique et crépusculaire, et le noir et blanc nostalgique, la fiction dans la fiction (Chet Baker devait tourner un film sur sa vie) et la fiction qui raconte la vie de Chet Baker. Une structure dichotomique à l’image de cet être écartelé entre sa passion viscérale et ses démons. Un être multiple qu’un flashback fait passer d’une cellule d’une prison italienne à ses débuts devant Miles Davis et Dizzy Gillespie à une scène du film dans le film (s’inspirant du projet du producteur Dino de Laurentiis de 1966) dans laquelle Baker, qui joue son propre rôle, prend de l’héroïne pour la première fois, incité par une admiratrice.

    Au-delà du portrait du grand artiste, « Born to Be Blue » est un film sur les affres de la création, sur les revers du succès et de la vie d’artiste, sur la versatilité du destin. Le portrait d’un homme, seul blanc trompettiste de l’époque, qui place l’amour de son art, vital, au-dessus de tout et prêt à tous les sacrifices et douleurs pour effectuer son retour, épaulé seulement par sa compagne Jane quand même son propre père ne croit plus en lui. Le titre se réfère d’ailleurs à une chanson que lui jouait son père. Ethan Hawke, à fleur de peau, EST Chet Baker et porte ce rôle, cette personnalité aussi séduisante que fragile, sur ses épaules et lorsque, lors d’une ultime chance,  cet écorché vif chante « My Funny Valentine » devant des professionnels, c’est poignant et nous retenons notre souffle à sa voix brisée. Ce film judicieusement construit et mis en abyme, enfiévré de la musique, de l’amour et des excès qui portaient et détruisaient l’artiste est une enivrante et bouleversante mélodie du malheur et finalement le plus beau des hommages que l’on pouvait consacrer à l’artiste, et aux artistes qui se consument pour leur art. Un film nimbé d’une mélancolie envoûtante et foudroyante de beauté…comme un air de jazz joué par Chet Baker. Comme les derniers soupirs d’un artiste. Les plus intenses et émouvants.

    6/« Vivre et danser » documentaire de Bertrand Teissier (Fr)

    – Pas de date de sortie –

    Le parcours extraordinaire d’un des rois de la comédie musicale américaine Gene Kelly…

    7/« Gimme Danger » doc. de Jim Jarmush sur Iggy Pop (USA)

    – Date de sortie 1 février 2017 –

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    Apparu pour la première fois à Ann Arbor (Michigan) en pleine révolution contre-culturelle, le style de rock’n’roll puissant et agressif des Stooges a fait l’effet d’une bombe dans le paysage musical de la fin des années 60. Soufflant le public avec un mélange de rock, de blues, de R&B et de free jazz, le groupe – au sein duquel débute Iggy Pop – posa les fondations de ce que l’on appellera plus tard le punk et le rock alternatif. GIMME DANGER retrace l’épopée des Stooges et présente le contexte dans lequel l’un des plus grands groupes de rock de tous les temps a émergé musicalement, culturellement, politiquement et historiquement. Jim Jarmusch retrace leurs aventures et leurs mésaventures en montrant leurs inspirations et les motivations de leurs premiers défis commerciaux, jusqu’à leur arrivée au Panthéon du rock.

     8/« Ouvert la Nuit », comédie dramatique de Edouard Baer, avec Audrey Tautou, Sabrina Ouazani, Gregory Gadebois, musique superviseur : Raphaël Hamburger (Fr.)

    – Date de sortie 11 janvier 2017 –

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    Luigi a une nuit pour sauver son théâtre. Une nuit pour trouver un singe capable de monter sur les planches et récupérer l’estime de son metteur en scène japonais ; une nuit pour regagner la confiance de son équipe et le respect de sa meilleure amie – qui est aussi sa plus proche collaboratrice… et pour démontrer à la jeune stagiaire de Sciences Po, tellement pétrie de certitudes, qu’il existe aussi d’autres façons dans la vie d’appréhender les obstacles…

     9/« A Jamais », drame de Benoit Jacquot avec Julia Roy, Mathieu Amalric, Jeanne Balibar, musique de Bruno Coulais (Fr.)

    – Date de sortie 7 décembre –

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    Laura et Rey vivent dans une maison au bord de la mer. Il est cinéaste, elle crée des « performances » dont elle est l’actrice. Rey meurt —accident, suicide ?—, la laissant seule dans cette maison. Mais bientôt, seule, elle ne l’est plus. Quelqu’un est là, c’est Rey, par et pour elle, comme un rêve plus long que la nuit, pour qu’elle survive.

    10/« La fine équipe », comédie de Magaly Richard-Serrano, avec Annabelle Lengronne, William Lebghil, musique de Oxmo Puccino (Fr.) – Date de sortie 30 novembre –

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    Omen est un inconditionnel de Stan, chanteuse black au flow ravageur. Sans doute l’un des derniers fans, vu comment le groupe galère ! Le jour où il croise son idole par hasard, Omen lui propose ses services : « chauffeur polyvalent à tout faire ». Contre l’avis général de l’équipe, Stan embarque ce petit blanc pas toujours réveillé, limite bordélique, dont elle semble être la seule à entrevoir les talents… très bien cachés.

     11/« La Mécanique de l’Ombre », thriller, espionnage de Thomas Kruithof avec François Cluzet, Denis Podalydes, Sami Bouajila, Simon Abkarian, musique de Gregoire Auger (Fr./Belgique)

    – Date de sortie 18 janvier 2017 –

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    Deux ans après un « burn-out », Duval, au chômage, se voit contacter par un mystérieux employeur pour retranscrire des écoutes téléphoniques. Sans se poser de questions sur la finalité de cette organisation, Duval, aux abois financièrement, accepte. Ce travail simple, s’il lui permet de reprendre pied dans sa vie, va néanmoins le placer très vite au cœur d’un complot politique, plongé malgré lui dans la brutalité et l’étrangeté du monde souterrain des services secrets.

     12/« Al Jarreau l’enchanteur » documentaire de Thierry Guedj (Fr.)

    – Pas de date de sortie –

    Al Jarreau occupe une place à part dans la musique afro-américaine. L’artiste a l’habitude de jongler entre les genres et sa discographie balance entre jazz, pop ou encore R&B. Apparu sur scène dans les années 1970, ce fils de pasteur et d’une pianiste de l’Eglise adventiste du septième jour n’a pas mis longtemps avant d’être considéré comme l’un des plus vocalistes les plus originaux de son temps. Ce documentaire dresse son portrait et revient sur son parcours.

     13/« Les Chroniques de Zorro » dessin animé de Olivier Lelardoux (Fr.) – Diffusion tv été 2016 –

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    Le plus célèbre des héros masqués nous ramène au début de sa carrière, aussi haletant que divertissant. Adolescent déjà, le jeune don Diego de la Vega, alias Zorro, n’a de cesse de livrer bataille à des tyrans injustes et sans scrupules. Tandis que ses ennemis jurés complotent, don Diego tient sa lame toujours prête pour des combats épiques !

    14/« L’Invitation » de Michaël Cohen avec Nicolas Bedos, Camille Chamoux, Gustave Kerven, musique de Alexis Rault  (Fr.) – Date de sortie 9 novembre –

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     En plein milieu de la nuit, Léo réveille son meilleur pote, Raphaël. Sa voiture est en panne, à une heure de Paris. Hors de question pour Raphaël d’y aller… jusqu’à ce que la femme de sa vie le pousse hors du lit. Arrivé sur place, il découvre qu’il n’y a aucune panne mais du champagne, des amis et une fête improvisée… Léo a fait un test à l’amitié. Et si une amitié, une existence entière ne dépendait que de cette seule question : « Tu te serais levé, toi, pour aller dépanner un pote à 3h du matin ? »

    + Rediffusion le dimanche du film qui aura gagné l’Ibis d’Or du Meilleur film la veille le samedi

    LES CLASSIQUES DU CINEMA (catégorie films « classics »)

    Là aussi, cette section nous promet de beaux moments de cinéma: revoir « Itinéraire d’un enfant gâté » et notamment la fameuse scène du bonjour dans laquelle Richard Anconina (membre du jury du festival) est remarquable et forme un irrésistible duo avec Jean-Paul Belmondo, revoir les divertissements de haute voltige que sont les « Mission impossible », revoir le bouleversant « Manon des sources » de Claude Berri dont ce sera le 30ème anniversaire (et sans aucun doute un des plus beaux films de l’Histoire du cinéma français) et, pour ma part, voir enfin « Tout, tout de suite » du président du jury Richard Berry.

    « Bullitt » de Peter Yates, avec Steve Mc Queen, Jacqueline Bisset (USA)

    « Le Kid de Cincinnati » de Norman Jewison, avec Steve McQueen (USA)

    « Opération Dragon » de Robert Clouse avec Bruce Lee (USA)

     « L’Inspecteur Harry » de Don Siegel avec Clint Eastwood (USA)

    « Mission Impossible » de Brian de Palma avec Tom Cruise (USA) – 20e anniversaire –

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    « Mission Impossible II » de John Woo avec Tom Cruise (USA)

    « 15 Août » de Patrick Alessandrin, avec Richard Berry (Fr.)

    « Tout, tout de suite » de Richard Berry (Fr.)

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    « Itinéraire d’un enfant gaté » de Claude Lelouch avec Jean-Paul Belmondo et Richard Anconina (Fr.)

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    « Manon des sources » de Claude Berri avec Emmanuelle Béart (Fr.) – 30e anniversaire –

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    « In the Tracks of Lalo Schifrin » documentaire de Pascale Cuenot (Fr.)

    « Une Saison Blanche et sèche » de Euzhan Palcy, avec Donald Sutherland, Susanne Sarandon, Marlon Brandon (USA)  -25e anniversaire – FILM DE CLOTURE —

    LES COURTS-METRAGES EN COMPETITION

    Le festival a également la bonne idée de proposer une compétition de courts-métrages, à ne pas manquer.

    –         « La renommée trompette » de Célia Marolleau

    –           « The Fall of Men » de Yohan Faure

    –           « Les courgettes de la resistance » de Mélissa Idri, Benoit Lecailtel, Ivana Ngamou, Côme Balguerie

    –           « Que la mort vous separe » de Fabien Luszezyszyn

    –           « Dryad » de Thomas Vernay

    –           « En Famille » de Jérôme Waquet

    –           « Je suis en resonnace… » de Alexis Loukakis

    –       « Une vie ordinaire » de Sonia Rolland

    –           « White Spirit » de Julie Voisin

    –           « 14 Juillet » de Michael Bacoras

     LES MASTER CLASS

    Chaque année, le festival propose de passionnantes Master Class. Celles de Claude Lelouch et Francis Lai ou de Michel Legrand lors des éditions précédentes furent ainsi des moments rares. 3 Master Class autour sur le travail du compositeur et sur le thème du rapport de la musique à l’image, seront organisées durant le Festival, toutes animées par Stephane Lerouge. L’une sera donnée par Lalo Schifrin et les deux autres par Philippe Rombi, le compositeur des musiques des films de François Ozon (et notamment de son dernier chef-d’œuvre « Frantz » dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici) et aussi de « L’Outsider » le dernier film de Christophe Barratier (ma critique en bas de cette page) et l’autre par Jean-Michel Bernard compositeur des plus importantes musiques de films de Michel Gondry.

    LA RENCONTRE AVEC LE PUBLIC SUR LE MARCHE DE LA BAULE

    aout

    Cette année encore, les commerçants de la Halle du Marché de La Baule donneront rendez-vous au Baulois pour une dégustation de leurs meilleurs produits en compagnie de l’ensemble des personnalités présentes au Festival (un moment là aussi chaque année très convivial et que je vous recommande!). Cette démarche s’inscrit dans la volonté des organisateurs du Festival d’aller à la rencontre du public en dehors des salles de cinémas et de concerts. Après l’anniversaire des 10 ans du film « Les Choristes » en 2014 et des 25 ans de « La Baule les pins », cette année ce sera au tour d’un autre film emblématique de la région, « 15 Août », réalisé par le Baulois Pierre Alessandrin, dont on fêtera les 15 ans !

    LE FESTIVAL SUR LES RESEAUX SOCIAUX

    Pour en savoir plus, vous pouvez vous abonner à la page Facebook du festival, ici, mais aussi le retrouver sur twitter (@FestivalLaBaule), sur Instagram (@festivallabaule) et sur son site internet.

    INFORMATIONS PRATIQUES

    PASS FESTIVAL donnant accès à l’ensemble du Festival du 9 au 13 novembre (à l’exception de la soirée de remise des prix et du ciné-concert) disponible à partir du 20 octobre directement auprès du cinéma de La Baule Le Gulf Stream (Tél : 02 51 75 15 41). Tarifs: 30€ adulte, 15€ -25 ans, 15€ Pass journée (tarif unique), gratuit -14 ans (toutes les projections auront lieu au cinéma de La Baule le Gulf Stream)

    BILLET CINE-CONCERT Hommage à Lalo Schifrin et Soirée de remise des prix du Festival le 12 novembre à 20h30 à Atlantia: Tarif: 49€ adulte, 24€ -25 ans (Réservation Palais des congrès Atlantia au 02 40 11 51 51 ou http://billetterie.atlantia-labaule.com)

    LES MASTER CLASS

    – Philippe Rombi : Vendredi 11 novembre à 12h au cinéma de la Baule le  Gulf Stream – accès Pass festival –

    – Jean-Michel Bernard : Samedi 12 novembre à 12h au cinéma le Gulf Stream –accès Pass festival –

    – Lalo Schifrin : Dimanche 13 novembre à 14h au « Village du Festival » Palais des congrès Atlantia + suivi d’une séance de dédicaces –accès libre-

    L’EXPOSITION « STEVE MCQUEEN FOREVER »  du 27 octobre au 13 novembre, tous les jours 11h-13h et 15h-19h à la Chapelle Sainte-Anne (Place du Maréchal Leclerc, 44500 La Baule) – Entrée libre –

    «  LE VILLAGE DU FESTIVAL » sera installé au Palais des Congrès Atlantia (119, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 44500 La Baule). Ouvert du Mercredi 10 novembre au Dimanche 13 novembre de 14h à 20h – Entrée libre –

    L’EXPOSITION « L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE DE FILM », dans le cadre du « Village du Festival » (voir horaires et jours d’ouverture) -Entrée libre-

    L’EXPOSITION « LES CHRONIQUES DE ZORRO », dans le cadre du « Village du Festival » (voir horaires et jours d’ouverture)  -Entrée libre-

    LA RENCONTRE AVEC LES SCOLAIRES aura lieu au « Village du Festival » à Atlantia le Jeudi 10 novembre de 14h à 15h (visite privée pour les élèves et leurs parents et la presse sur demande uniquement)

    FRANCE BLEU réalisera ses émissions en direct du « Village du Festival » au Palais des congrès Atlantia, le Vendredi 11 novembre de 16h à 20h – Entrée Libre –

    LA TV DU FESTIVAL réalisera ses émissions en direct du « Village du Festival » au Palais des congrès Atlantia, tous les jours (voir horaires et jours d’ouverture) – Entrée Libre –

    LA RENCONTRE AVEC LES ARTISTES à la Halle du Marché de La Baule aura lieu le Dimanche 13 novembre 2016 de 12h à 13h – Accès libre –

    GRILLE DE PROGRAMMATION

    MERCREDI 9 NOVEMBRE

    12h : Projection « LE KID DE CINCINNATI » de Norman Jewison avec Steve McQueen 14h : Projection « OPERATION DRAGON » de Robert Clouse avec Bruce Lee 16h : Projection « BULLITT » de Peter Yates avec Steve McQueen 18h : Projection « L’INSPECTEUR HARRY » de Don Siegel avec Clint Eastwood 20h30 : Film d’ouverture en présence du Jury : Avant-Première « TOUR DE FRANCE» de Rachid Djaïdani avec Gérard Depardieu (en compétition)  22h30 : Avant-Première « TANNA » de Martin Butler & Bentley Dean (en compétition)

    JEUDI 10 NOVEMBRE

    10h00 : Projection des Courts-Métrages (en compétition)  12h30 : Avant-Première « THE MUSIC OF STRANGERS» doc de Morgan Neville  14h30 : Avant-Première « A SERIOUS GAME» de Pernilla August (en compétition)  16h30 : Avant-Première « WULU » de Daouda Coulibaly avec Inna Modja 18h30 : Avant-Première « BEYOND FLAMENCO » doc de Carlos Saura  20h30 : Avant-Première « OUVERT LA NUIT » d’Edouard Baer, avec Audrey Tautou  22h30 : Avant-Première « BORN TO BE BLUE» (biopic sur Chet Baker) de Robert Budreau avec Ethan Hawke

    VENDREDI 11 NOVEMBRE

    10h : Avant-Première « PATERSON » de Jim Jarmusch (en compétition)  12h : Master Class PHILIPPE ROMBI (compositeur des musiques des films de François Ozon) & CHRISTOPHE BARRATIER (animée par Stéphane Lerouge)  13h : Avant-Première « VIVRE ET DANSER » (doc. sur G. Kelly) de Bertrand Teissier  14h30 : Avant-Première « GO HOME » de Jihane Chouaib avec Golshifteh Farahani (en compétition)  16h30 : Avant-Première « A JAMAIS » de Benoit Jacquot avec Mathieu Amalric  18h30 : Avant-Première « GIMME DANGER » (doc. sur Iggy Pop) de Jim Jarmusch  20h30 : Avant-Première « DEMAIN TOUT COMMENCE » de Hugo Gélin avec Omar Sy  22h30 : Projection « TOUT, TOUT DE SUITE » de Richard Berry

    SAMEDI 12 NOVEMBRE

    10h : Projection « LA TORTUE ROUGE » film d’animation de Michael Dudok de Wit (en compétition)  12h : Master Class JEAN-MICHEL BERNARD (compositeur des musiques des films de Michel Gondry), animée par Stéphane Lerouge  14h : Avant-Première « LA MECANIQUE DE L’OMBRE» de Thomas Kruithof avec François Cluzet, Denis Podalydès, Sami Bouajila, Simon Abkarian  16h : Avant-Première « CAROLE MATTHIEU » de Louis Julien Petit avec Isabelle Adjani (en compétition)  18h00 : Projection « MANON DES SOURCES » de Claude Berri, avec Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil, Yves Montant -version restaurée- (30e anniversaire) 20h30 : Projection « MISSION IMPOSSIBLE » de Brian de Palma (20e anniversaire) 22h30 : Projection « MISSION IMPOSSIBLE II » de John Woo, avec Tom Cruise

    DIMANCHE 13 NOVEMBRE

    10h : Projection « LES CHRONIQUES DE ZORRO » film d’animation d‘Olivier Lelardoux  10h30 : Projection courts-métrages (en compétition) 12h : Avant-Première « AL JARREAU L’ENCHANTEUR » doc de Thierry Guedj  14h : Projection « 15 AOUT» de Patrick Alessandrin avec Richard Berry 16h : Avant-Première Ibis d’Or du Meilleur Film 2016 – Film lauréat (Rediffusion) 16h : Avant-Première « LA FINE EQUIPE » de Magaly Richard-Serrano 18h : Avant-Première « L’INVITATION » de Michael Cohen avec Nicolas Bedos, Camille Chamoux, Gustave Kerven 20h : Projection « UNE SAISON BLANCHE ET SECHE » de Euzhan Palcy (35e anniversaire)

    Ce programme est donné sous réserve de modifications.  Infos et mises a jour du programme sur : WWW.FESTIVAL-LABAULE.COM

    PROGRAMME DU « VILLAGE DU FESTIVAL »

    Du Mercredi 9 au Dimanche 13 Novembre 2016 De 14h à 18h (le vendredi jusqu’à 20h)  – Entrée libre – (Palais des congrès Atlantia)

    MERCREDI 9 NOVEMBRE
    14h : Ouverture du Village et Inauguration de l’exposition d’affiches « LA GRANDE HISTOIRE DE LA MUSIQUE DE FILM »

     JEUDI 10 NOVEMBRE
    14h : inauguration de l’exposition « LES CHRONIQUES DE ZORRO » 16h-17h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs)

    VENDREDI 11 NOVEMBRE
    14-15h : Concert  « JUSTIN ST PIERRE » (guitare) 15h-16h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs) 16h – 19h : Enregistrement émission « FRANCE BLEU Region » (direct) 19h – 20h : Enregistrement émission « FRANCE BLEU Grand Soir » (direct / national)

    SAMEDI 12 NOVEMBRE
    15h-16h : Concert « Les Musiques de film » par FRÉDÉRIC LA VERDE et son « PIANO ROUGE »  (+ séance de dédicaces de ses albums) 16h-17h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs)

    DIMANCHE 13 NOVEMBRE
    14h : Projection « IN THE TRACKS OF LALO SCHIFRIN» doc de Pascale Cuenot  15h : Master Class LALO SCHIFRIN animée par Stéphane Lerouge + séance dédicaces (en partenariat avec Universal Music France)  15h30 – 16h30 : Séance de dédicaces de BERTRAND TEISSIER (ancien rédacteur en chef du magazine Gala et réalisateur du documentaire « Vive et danser » sur Gene Kelly), livres : « Belmondo l’incorrigible », « Delon-Romy, un amour impossible », « Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique » ;  et de  SANDRA MEZIERE (journaliste cinéma), livres : « Les illusions parallèles, 16 rencontres comme au cinéma » et « L’amor dans l’âme ») 16h-17h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs)

    Critique de L’OUTSIDER de Christophe Barratier:

    affiche outsider.jpg

    Après quelques réussites en tant que producteur délégué et en tant que réalisateur de courts-métrages, Christophe Barratier, en 2004, connaissait un succès retentissant avec Les Choristes et ses 8, 5 millions d’entrées puis ses deux César et ses deux nominations aux Oscars (meilleur film en langue étrangère et meilleure chanson pour Vois sur ton chemin). Vinrent ensuite Faubourg 36 en 2008 et La Nouvelle guerre des boutons en 2011, des films nostalgiques dont l’action se déroulait dans les années 30, un cinéma populaire (au sens noble du terme) et de beaux hommages au cinéma d’hier.

    Faubourg 36 notamment regorgeait ainsi de réjouissantes références au cinéma des années 30. Ainsi, Clovis Cornillac y ressemblait à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier l’avait été auparavant dans Les Choristes) à Michèle Morgan : tous deux y faisaient penser au couple mythique Nelly et Jean du Quai des Brumes de Marcel Carné auquel un plan se référait d’ailleurs explicitement. Bernard-Pierre Donnadieu, quant à lui,  faisait songer à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans Les enfants du paradis de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans Le jour se lève  du même Carné  dont j’avais même cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  semblaient d’ailleurs rendre hommage à ceux de Trauner, avec cette photographie hypnotique et exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l’amitié qui unissait les protagonistes de ce Faubourg 36 résonnait comme un clin d’œil à celle qui unissait les personnages de La belle équipe de Duvivier.  Bref, Christophe Barratier est un cinéaste cinéphile qui a par ailleurs à cœur de partager sa passion du cinéma puisqu’il est le cofondateur (avec Sam Bobino) du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (que je vous recommande vivement au passage : mon compte rendu de la première édition, en 2014, ici et mon compte rendu de l’édition 2015, à lire là).

    Mais sans doute Christophe Barratier n’était-il pas attendu aux manettes d’un film tel que L’Outsider, thriller financier se déroulant à notre époque et donc très différent des films précités. Alors, ce film (dont on imagine quel défi cela a dû être étant donné l’actualité et le caractère sensible du sujet) est-il aussi une réussite ?

    D’abord, L’Outsider, en plus d’être tiré de l’histoire vraie de Jérôme Kerviel, trader condamné pour avoir fait perdre des milliards d’euros à la Société Générale, est une adaptation du livre écrit par Kerviel lui-même et publié en 2010, L’Engrenage : mémoires d’un trader. A priori le personnage et le sujet n’étaient pas d’emblée sympathiques même si la déchéance du trader pris dans cet engrenage après son ascension fulgurante était éminemment romanesque.

    Plutôt que de se concentrer sur les suites judiciaires, Christophe Barratier a fait débuter son scénario (coécrit avec Laurent Turner, sur une idée de Jérôme Corcos) lors de l’entrée de Kerviel à la Société Générale en 2000 pour le faire s’achever lorsque l’affaire éclate, 8 ans plus tard. Le nom de Kerviel est ainsi connu de tous pour, en 2008, avoir fait les titres de tous les journaux. L’opérateur de marchés de 31 ans, par ses prises de risque, aurait alors pu, en 2008, faire basculer la Société Générale, voire le système financier mondial… Kerviel est condamné deux ans plus tard à cinq ans de prison dont trois ferme et aux plus lourds dommages-intérêts jamais vus pour un particulier: 4,9 milliards d’euros ! Mais Kerviel, c’est aussi Jérôme, un jeune homme ambitieux et fasciné par le monde de la finance entré dans la banque par la petite porte en 2000. Personne n’aurait alors pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader 5 ans plus tard. Seulement Jérôme apprend vite, très vite…peut-être trop. C’est le portrait de cet homme-là incarné par Arthur Dupont que nous dresse Christophe Barratier au-delà de « l’histoire la plus extraordinaire de la finance ». L’Outsider n’est pas un film sur la finance mais un film qui dissèque les mécanismes (avant tout humains et psychologiques) d’une addiction et d’une obsession (pour cette finance) qui ont mené au chaos.

    Levons d’emblée tout suspense quant à la réussite du projet. Elle est indéniable. Je ne m’attendais pas à être ainsi captivée pendant les 1H57 que dure le film et cela dès les premiers plans. Avant même le générique. Le décor glacial et les tons grisâtres plantent le décor. La tension est palpable. Un homme en costume qu’on ne voit que de dos est accompagné manu militari vers la sortie de la Société Générale, avec ses cartons. Comme une marche funèbre, il avance jusqu’à un tas d’ordures depuis lequel les tours invincibles et vertigineuses de la société semblent le défier et le menacer. Et il saute dans le vide. Nous voilà prévenus: la chute est inéluctable. Et la suite est placée sous le sceau de cette menace sans jamais que la tension ne retombe jusqu’au générique de fin.

    J’ai lu qu’on reprochait à Christophe Barratier d’essayer de singer la réalisation d’Oliver Stone (Wall Street) et celle de Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street) et que le résultat n’en étant qu’une pâle copie. Je ne suis pas d’accord. D’abord Paris n’est pas New York et surtout sa caméra très intelligemment dirigée épouse judicieusement la fièvre qui s’empare de Kerviel, la frénésie des tradeurs et du marché, comme un ballet étourdissant et grisant ou bien sa caméra cadre Kerviel au plus près lorsque l’étau se resserre nous enfermant avec lui dans le cadre, suffocant, dans son engrenage sans échappatoire, dans sa tour carcérale. Les scènes à l’extérieur n’existent quasiment pas (le monde « réel » n’est d’ailleurs jamais filmé) comme le monde extérieur n’existe plus pour Kerviel qui perd le sens des réalités, pour qui ne comptent plus que les millions et les milliards avec lesquels il jongle sans en mesurer la valeur réelle ni les conséquences. Tout cela n’est plus que chiffres et ordres scandés, vociférés avec lesquels il semble entretenir une relation presque sensuelle, en tout cas addictive. Ses acolytes sont présentés comme des Dieux tout puissants (les dalles de la Défense en forme de croix lorsque Keller récite Les Evangiles, le dîner qui se réfère à la Cène) et ridicules (la Cène certes mais avec des boites de thon pour dîner dans un appartement dans lequel il faut prendre l’ascenseur pour se rendre à la cuisine) bien souvent quand leur cynisme, leur absence totale de morale, leurs méthodes et manières de mafieux, leur perte de valeurs n’est pas totalement effrayante. Ils n’ont aucune limite, plus de règles…à l’exception de celles que ces grands enfants irresponsables édictent. Celles d’un monde impitoyable et individualiste.

    La clairvoyance n’empêche pas l’empathie et Barratier contrairement à ce qu’on aurait pu penser, sans réaliser un plaidoyer pour Kerviel (les « amitiés » contestables et les choix parfois égoïstes de ce drogué de la finance ne sont pas éludés ni édulcorés) et bien que le film soit adapté de son livre, arrive malgré tout à nous en faire éprouver pour son anti-héros pris dans une spirale infernale, dans l’ivresse de cette puissance qui le grise et l’égare, et dans laquelle il se jette comme d’autres se seraient jetés dans la drogue ou l’alcool. Son addiction redouble d’ailleurs après la mort de son père (scène bouleversante). Il devient dépendant à cette adrénaline. Si le film n’est pas un plaidoyer, quelques phrases sybillines nous laissent juges du possible aveuglement plus ou moins volontaire de la Société Générale : « -Comment expliquer qu’ils n’aient rien dit. -Je ne me l’explique pas. », « On réglera ça sans faire de vagues. » , « Ils sont aveugles ET incompétents. », « On m’a laissé faire, c’est pas suffisant comme preuve? »

    Pour incarner Kerviel, Barratier, une fois de plus, après Jean-Baptise Maunier et Nora Arzeneder, a choisi un acteur dont il fait éclater le charisme et le talent. Arthur Dupont crève littéralement l’écran et arrive d’abord à nous faire oublier qu’il n’est pas Kerviel et à devenir Jérôme, et en une même scène et parfois en un quart de seconde à nous faire passer de l’agacement (mais pourquoi donc n’ouvre-t-il pas les yeux ?) à l’empathie malgré son obstination, son aveuglement, sa descente aux Enfers bien qu’il surplombe Paris et pense dominer le monde. L’évolution du personnage se ressent dans le regard même de l’acteur qui semble s’assombrir. Même si Arthur Dupont a déjà pas mal de films à son actif, sans aucun doute ce rôle va-t-il lui ouvrir une voie royale. Face à lui l’obséquieux Keller est interprété par François-Xavier Demaison volubile à souhait et savoureusement détestable (même s’il se rachète en une scène), d’un cynisme redoutable comme lors des attentats de Londres salués par des hourras : « Je n’ai jamais gagné autant que le 11 septembre », « Pense à envoyer un mot aux familles des victimes que leurs proches sachent qu’ils ne sont pas morts pour rien. » , « La seule chose qui me fasse flipper c’est qu’on abolisse l’argent. » L’ironie est à son comble quand on sait que Demaison a arrêté sa carrière de trader après avoir vécu le 11 septembre à New York. De même que dans l’attention portée à la photographie, le goût de Barratier pour le cinéma des années 30 (qui savait tant les sublimer) se retrouve aussi dans ses choix avisés de seconds rôles comme Stéphane Bak, Benjamin Ramon ou Sören Prévost (notamment).

    Un mélomane et musicien comme Barratier ne pouvait non plus ignorer la musique ( de Philippe Rombi à qui l’on doit notamment la musique de Joyeux Noël ou celles des films de François Ozon) qui, ici, accentue le sentiment d’angoisse ou l’émotion qui surgit et nous saisit. C’est prenant comme un film d’Hitchcock, ces histoires d’hommes ordinaires à qui il arrive des choses extraordinaires. Et le McGuffin, ce sont ici ces fameux milliards qui d’un moment à l’autre vont exploser à la face du monde. La photographie (de Jérôme Alméras, après celle également magnifique signée Tom Stern dans Faubourg 36) qui nous immerge dans un univers grisâtre, froid, déshumanisé et faussement aseptisé (ce à quoi font exception les scènes filmées en Bretagne ou les quelques scènes à La Baule, lors du consternant séminaire de la Société Générale -qui l’est d’autant plus qu’il est inspiré de faits réels qui avaient d’ailleurs défrayé la chronique-), ou qui plonge dans l’ombre la commission d’enquête contribue aussi à ce climat d’angoisse.

    Le talent d’un grand cinéaste comme celui d’un grand chef est de faire aimer ce qui a priori vous rebute. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour le monde de la finance et y étais même plutôt réfractaire, mais Barratier a réussi non seulement à vulgariser cet univers mais aussi à me le rendre aussi passionnant et palpitant qu’un trépidant thriller. Son film pourrait d’ailleurs illustrer un cours de scénario : ellipses à-propos (Kerviel sous le feu des blagues méprisantes qui deux ans plus tard en est l’auteur  et répond avec aplomb aux sarcasmes), dialogues percutants, répliques et expressions mémorables (« CDH »), touche sentimentale (très bon choix de Sabrina Ouazani) sans qu’elles fassent tomber le film dans le mélo, caractérisation des personnages en quelques plans et répliques (le père, pas dupe), rythme haletant et personnage victime d’un système et d’une obsession et une addiction qui le dépassent… et donc attachant… malgré tout.

    Un film fiévreux, intense, palpitant, captivant, et même émouvant, et très ancré dans son époque et dans le cinéma contemporain tout en s’emparant du meilleur des films d’hier qui ont forgé la culture cinématographique du réalisateur. J’en suis ressortie étourdie comme après un tour de manège et surtout désireuse de suivre désormais de près cette « affaire Kerviel » que je n’écoutais que d’une oreille distraite et derrière laquelle je verrai désormais Jérôme, ce jeune breton pris dans un engrenage infernal. Plutôt que d’aller voir le dernier et énième blockbuster américain, pour la fête du cinéma, courez voir L’Outsider qui allie l’énergie que l’on prête plutôt aux films américains (d’ailleurs parfois à tort, certains reprochant d’ailleurs au film de Barratier et avec une évidente mauvaise foi ce dont ils feraient l’éloge si son nom et le film étaient américains, ces préjugés envers le cinéma français toujours prétendument moins ceci ou cela que les films venant d’ailleurs et a fortiori des Etats-Unis me lasse et m’exaspère)  à la sensibilité d’un film français et dont le succès futur Outre-Atlantique ne me surprendrait pas et ne serait pas usurpé. Un « Outsider » qui, à l’image de celui dont il conte l’histoire, pourrait bien créer la surprise au box office, mais contrairement à son protagoniste, une très bonne surprise…

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016: affiche et programme (1ers éléments)

     

     

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    Lors des deux premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (créé par Sam Bobino -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif– et Christophe Barratier dont je vous recommande au passage l’excellent film « L’Outsider » dont vous pouvez retrouver ma critique en bonus ci-dessous), je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de La Baule, un festival pour lequel j’ai eu un coup de cœur tel que l’une des nouvelles de mon recueil « Les illusions parallèles », publié le 22 août 2016, aux Editions du 38, se déroule dans le cadre de celui-ci.

    Retrouvez mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015.

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    Je ne manquerai donc évidemment pas l’édition 2016 et vous la recommande vivement dès à présent, d’autant plus que les premières annonces concernant la programmation sont vraiment alléchantes avec l’hommage rendu, en sa présence, au grand compositeur d’origine argentine, Lalo Schifrin, compositeur, notamment, des bandes originales des films « Les Félins », « Bullitt »,   « L’inspecteur Harry » ou encore « Rush hour » plus récemment mais aussi de séries comme « Mannix », « Starsky et Hutch » sans oublier évidemment « Mission Impossible » ( la musique que vous retrouvez dans la bande annonce du festival ci-dessus).

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     A cette occasion un grand ciné-concert « Hommage à Lalo Schifrin » sera donné en sa présence au Palais des Congrès, Atlantia, et une rétrospective en partenariat avec la Cinémathèque Française, lui sera consacrée.

    Une exposition de photos spécialement dédiée à Steve McQueen, en partenariat avec « la Galerie de l’Instant », sera aussi à découvrir à l’espace culturel de la Chapelle Sainte-Anne du 27 octobre au 13 novembre 2016.

    A travers ces deux grands artistes, c’est donc le cinéma policier américain de la fin des années 60 et début 70 qui sera mis à l’honneur cette année.  Autant de raisons qui expliquent le choix de l’affiche de cette 3e édition, représentant la mythique voiture de « Bullitt », qui après de nombreuses (més)aventures cinématographiques et après avoir bourlinguée sur le bitume des rues de San Francisco, termine enfin sa poursuite, non pas face à l’océan au bout de la mythique « Route 66 », mais face à l’océan dans la belle Baie de La Baule, véritable havre de paix où il fait bon vivre.

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    Lalo Schifrin succédera ainsi aux compositeurs Francis Lai (à qui le festival avait rendu hommage en 2014) et Michel Legrand (à qui le festival avait rendu hommage en 2015).

    Le festival 2016 aura lieu du mercredi 9 au dimanche 13 novembre.

    Pour en savoir plus, vous pouvez d’ores et déjà vous abonner à la page Facebook du festival, ici, mais aussi le retrouver sur twitter (@FestivalLaBaule), sur Instagram (@festivallabaule) et sur son site internet.

    Pour préparer au mieux votre séjour, vous pouvez aussi retrouver mes bonnes adresses à La Baule et Pornichet, ici.

    Cet article (à retrouver aussi sur Inthemoodforcinema.com) sera complété au fur et à mesure des annonces sur la programmation de cette édition 2016.

    Critique de L’OUTSIDER de Christophe Barratier:

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    Après quelques réussites en tant que producteur délégué et en tant que réalisateur de courts-métrages, Christophe Barratier, en 2004, connaissait un succès retentissant avec Les Choristes et ses 8, 5 millions d’entrées puis ses deux César et ses deux nominations aux Oscars (meilleur film en langue étrangère et meilleure chanson pour Vois sur ton chemin). Vinrent ensuite Faubourg 36 en 2008 et La Nouvelle guerre des boutons en 2011, des films nostalgiques dont l’action se déroulait dans les années 30, un cinéma populaire (au sens noble du terme) et de beaux hommages au cinéma d’hier.

    Faubourg 36 notamment regorgeait ainsi de réjouissantes références au cinéma des années 30. Ainsi, Clovis Cornillac y ressemblait à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier l’avait été auparavant dans Les Choristes) à Michèle Morgan : tous deux y faisaient penser au couple mythique Nelly et Jean du Quai des Brumes de Marcel Carné auquel un plan se référait d’ailleurs explicitement. Bernard-Pierre Donnadieu, quant à lui,  faisait songer à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans Les enfants du paradis de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans Le jour se lève  du même Carné  dont j’avais même cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  semblaient d’ailleurs rendre hommage à ceux de Trauner, avec cette photographie hypnotique et exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l’amitié qui unissait les protagonistes de ce Faubourg 36 résonnait comme un clin d’œil à celle qui unissait les personnages de La belle équipe de Duvivier.  Bref, Christophe Barratier est un cinéaste cinéphile qui a par ailleurs à cœur de partager sa passion du cinéma puisqu’il est le cofondateur (avec Sam Bobino) du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (que je vous recommande vivement au passage : mon compte rendu de la première édition, en 2014, ici et mon compte rendu de l’édition 2015, à lire là).

    Mais sans doute Christophe Barratier n’était-il pas attendu aux manettes d’un film tel que L’Outsider, thriller financier se déroulant à notre époque et donc très différent des films précités. Alors, ce film (dont on imagine quel défi cela a dû être étant donné l’actualité et le caractère sensible du sujet) est-il aussi une réussite ?

    D’abord, L’Outsider, en plus d’être tiré de l’histoire vraie de Jérôme Kerviel, trader condamné pour avoir fait perdre des milliards d’euros à la Société Générale, est une adaptation du livre écrit par Kerviel lui-même et publié en 2010, L’Engrenage : mémoires d’un trader. A priori le personnage et le sujet n’étaient pas d’emblée sympathiques même si la déchéance du trader pris dans cet engrenage après son ascension fulgurante était éminemment romanesque.

    Plutôt que de se concentrer sur les suites judiciaires, Christophe Barratier a fait débuter son scénario (coécrit avec Laurent Turner, sur une idée de Jérôme Corcos) lors de l’entrée de Kerviel à la Société Générale en 2000 pour le faire s’achever lorsque l’affaire éclate, 8 ans plus tard. Le nom de Kerviel est ainsi connu de tous pour, en 2008, avoir fait les titres de tous les journaux. L’opérateur de marchés de 31 ans, par ses prises de risque, aurait alors pu, en 2008, faire basculer la Société Générale, voire le système financier mondial… Kerviel est condamné deux ans plus tard à cinq ans de prison dont trois ferme et aux plus lourds dommages-intérêts jamais vus pour un particulier: 4,9 milliards d’euros ! Mais Kerviel, c’est aussi Jérôme, un jeune homme ambitieux et fasciné par le monde de la finance entré dans la banque par la petite porte en 2000. Personne n’aurait alors pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader 5 ans plus tard. Seulement Jérôme apprend vite, très vite…peut-être trop. C’est le portrait de cet homme-là incarné par Arthur Dupont que nous dresse Christophe Barratier au-delà de « l’histoire la plus extraordinaire de la finance ». L’Outsider n’est pas un film sur la finance mais un film qui dissèque les mécanismes (avant tout humains et psychologiques) d’une addiction et d’une obsession (pour cette finance) qui ont mené au chaos.

    Levons d’emblée tout suspense quant à la réussite du projet. Elle est indéniable. Je ne m’attendais pas à être ainsi captivée pendant les 1H57 que dure le film et cela dès les premiers plans. Avant même le générique. Le décor glacial et les tons grisâtres plantent le décor. La tension est palpable. Un homme en costume qu’on ne voit que de dos est accompagné manu militari vers la sortie de la Société Générale, avec ses cartons. Comme une marche funèbre, il avance jusqu’à un tas d’ordures depuis lequel les tours invincibles et vertigineuses de la société semblent le défier et le menacer. Et il saute dans le vide. Nous voilà prévenus: la chute est inéluctable. Et la suite est placée sous le sceau de cette menace sans jamais que la tension ne retombe jusqu’au générique de fin.

    J’ai lu qu’on reprochait à Christophe Barratier d’essayer de singer la réalisation d’Oliver Stone (Wall Street) et celle de Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street) et que le résultat n’en étant qu’une pâle copie. Je ne suis pas d’accord. D’abord Paris n’est pas New York et surtout sa caméra très intelligemment dirigée épouse judicieusement la fièvre qui s’empare de Kerviel, la frénésie des tradeurs et du marché, comme un ballet étourdissant et grisant ou bien sa caméra cadre Kerviel au plus près lorsque l’étau se resserre nous enfermant avec lui dans le cadre, suffocant, dans son engrenage sans échappatoire, dans sa tour carcérale. Les scènes à l’extérieur n’existent quasiment pas (le monde « réel » n’est d’ailleurs jamais filmé) comme le monde extérieur n’existe plus pour Kerviel qui perd le sens des réalités, pour qui ne comptent plus que les millions et les milliards avec lesquels il jongle sans en mesurer la valeur réelle ni les conséquences. Tout cela n’est plus que chiffres et ordres scandés, vociférés avec lesquels il semble entretenir une relation presque sensuelle, en tout cas addictive. Ses acolytes sont présentés comme des Dieux tout puissants (les dalles de la Défense en forme de croix lorsque Keller récite Les Evangiles, le dîner qui se réfère à la Cène) et ridicules (la Cène certes mais avec des boites de thon pour dîner dans un appartement dans lequel il faut prendre l’ascenseur pour se rendre à la cuisine) bien souvent quand leur cynisme, leur absence totale de morale, leurs méthodes et manières de mafieux, leur perte de valeurs n’est pas totalement effrayante. Ils n’ont aucune limite, plus de règles…à l’exception de celles que ces grands enfants irresponsables édictent. Celles d’un monde impitoyable et individualiste.

    La clairvoyance n’empêche pas l’empathie et Barratier contrairement à ce qu’on aurait pu penser, sans réaliser un plaidoyer pour Kerviel (les « amitiés » contestables et les choix parfois égoïstes de ce drogué de la finance ne sont pas éludés ni édulcorés) et bien que le film soit adapté de son livre, arrive malgré tout à nous en faire éprouver pour son anti-héros pris dans une spirale infernale, dans l’ivresse de cette puissance qui le grise et l’égare, et dans laquelle il se jette comme d’autres se seraient jetés dans la drogue ou l’alcool. Son addiction redouble d’ailleurs après la mort de son père (scène bouleversante). Il devient dépendant à cette adrénaline. Si le film n’est pas un plaidoyer, quelques phrases sybillines nous laissent juges du possible aveuglement plus ou moins volontaire de la Société Générale : « -Comment expliquer qu’ils n’aient rien dit. -Je ne me l’explique pas. », « On réglera ça sans faire de vagues. » , « Ils sont aveugles ET incompétents. », « On m’a laissé faire, c’est pas suffisant comme preuve? »

    Pour incarner Kerviel, Barratier, une fois de plus, après Jean-Baptise Maunier et Nora Arzeneder, a choisi un acteur dont il fait éclater le charisme et le talent. Arthur Dupont crève littéralement l’écran et arrive d’abord à nous faire oublier qu’il n’est pas Kerviel et à devenir Jérôme, et en une même scène et parfois en un quart de seconde à nous faire passer de l’agacement (mais pourquoi donc n’ouvre-t-il pas les yeux ?) à l’empathie malgré son obstination, son aveuglement, sa descente aux Enfers bien qu’il surplombe Paris et pense dominer le monde. L’évolution du personnage se ressent dans le regard même de l’acteur qui semble s’assombrir. Même si Arthur Dupont a déjà pas mal de films à son actif, sans aucun doute ce rôle va-t-il lui ouvrir une voie royale. Face à lui l’obséquieux Keller est interprété par François-Xavier Demaison volubile à souhait et savoureusement détestable (même s’il se rachète en une scène), d’un cynisme redoutable comme lors des attentats de Londres salués par des hourras : « Je n’ai jamais gagné autant que le 11 septembre », « Pense à envoyer un mot aux familles des victimes que leurs proches sachent qu’ils ne sont pas morts pour rien. » , « La seule chose qui me fasse flipper c’est qu’on abolisse l’argent. » L’ironie est à son comble quand on sait que Demaison a arrêté sa carrière de trader après avoir vécu le 11 septembre à New York. De même que dans l’attention portée à la photographie, le goût de Barratier pour le cinéma des années 30 (qui savait tant les sublimer) se retrouve aussi dans ses choix avisés de seconds rôles comme Stéphane Bak, Benjamin Ramon ou Sören Prévost (notamment).

    Un mélomane et musicien comme Barratier ne pouvait non plus ignorer la musique ( de Philippe Rombi à qui l’on doit notamment la musique de Joyeux Noël ou celles des films de François Ozon) qui, ici, accentue le sentiment d’angoisse ou l’émotion qui surgit et nous saisit. C’est prenant comme un film d’Hitchcock, ces histoires d’hommes ordinaires à qui il arrive des choses extraordinaires. Et le McGuffin, ce sont ici ces fameux milliards qui d’un moment à l’autre vont exploser à la face du monde. La photographie (de Jérôme Alméras, après celle également magnifique signée Tom Stern dans Faubourg 36) qui nous immerge dans un univers grisâtre, froid, déshumanisé et faussement aseptisé (ce à quoi font exception les scènes filmées en Bretagne ou les quelques scènes à La Baule, lors du consternant séminaire de la Société Générale -qui l’est d’autant plus qu’il est inspiré de faits réels qui avaient d’ailleurs défrayé la chronique-), ou qui plonge dans l’ombre la commission d’enquête contribue aussi à ce climat d’angoisse.

    Le talent d’un grand cinéaste comme celui d’un grand chef est de faire aimer ce qui a priori vous rebute. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour le monde de la finance et y étais même plutôt réfractaire, mais Barratier a réussi non seulement à vulgariser cet univers mais aussi à me le rendre aussi passionnant et palpitant qu’un trépidant thriller. Son film pourrait d’ailleurs illustrer un cours de scénario : ellipses à-propos (Kerviel sous le feu des blagues méprisantes qui deux ans plus tard en est l’auteur et répond avec aplomb aux sarcasmes), dialogues percutants, répliques et expressions mémorables (« CDH »), touche sentimentale (très bon choix de Sabrina Ouazani) sans qu’elles fassent tomber le film dans le mélo, caractérisation des personnages en quelques plans et répliques (le père, pas dupe), rythme haletant et personnage victime d’un système et d’une obsession et une addiction qui le dépassent… et donc attachant… malgré tout.

    Un film fiévreux, intense, palpitant, captivant, et même émouvant, et très ancré dans son époque et dans le cinéma contemporain tout en s’emparant du meilleur des films d’hier qui ont forgé la culture cinématographique du réalisateur. J’en suis ressortie étourdie comme après un tour de manège et surtout désireuse de suivre désormais de près cette « affaire Kerviel » que je n’écoutais que d’une oreille distraite et derrière laquelle je verrai désormais Jérôme, ce jeune breton pris dans un engrenage infernal. Plutôt que d’aller voir le dernier et énième blockbuster américain, pour la fête du cinéma, courez voir L’Outsider qui allie l’énergie que l’on prête plutôt aux films américains (d’ailleurs parfois à tort, certains reprochant d’ailleurs au film de Barratier et avec une évidente mauvaise foi ce dont ils feraient l’éloge si son nom et le film étaient américains, ces préjugés envers le cinéma français toujours prétendument moins ceci ou cela que les films venant d’ailleurs et a fortiori des Etats-Unis me lasse et m’exaspère)  à la sensibilité d’un film français et dont le succès futur Outre-Atlantique ne me surprendrait pas et ne serait pas usurpé. Un « Outsider » qui, à l’image de celui dont il conte l’histoire, pourrait bien créer la surprise au box office, mais contrairement à son protagoniste, une très bonne surprise…

  • Critique de L’OUTSIDER de Christophe Barratier

    affiche outsider.jpg

    Après quelques réussites en tant que producteur délégué et en tant que réalisateur de courts-métrages, Christophe Barratier, en 2004, connaissait un succès retentissant avec Les Choristes et ses 8, 5 millions d’entrées puis ses deux César et ses deux nominations aux Oscars (meilleur film en langue étrangère et meilleure chanson pour Vois sur ton chemin). Vinrent ensuite Faubourg 36 en 2008 et La Nouvelle guerre des boutons en 2011, des films nostalgiques dont l'action se déroulait dans les années 30, un cinéma populaire (au sens noble du terme) et de beaux hommages au cinéma d’hier.

    Faubourg 36 notamment regorgeait ainsi de réjouissantes références au cinéma des années 30. Ainsi, Clovis Cornillac y ressemblait à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier l'avait été auparavant dans Les Choristes) à Michèle Morgan : tous deux y faisaient penser au couple mythique Nelly et Jean du Quai des Brumes de Marcel Carné auquel un plan se référait d’ailleurs explicitement. Bernard-Pierre Donnadieu, quant à lui,  faisait songer à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans Les enfants du paradis de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans Le jour se lève  du même Carné  dont j’avais même cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  semblaient d’ailleurs rendre hommage à ceux de Trauner, avec cette photographie hypnotique et exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l'amitié qui unissait les protagonistes de ce Faubourg 36 résonnait comme un clin d’œil à celle qui unissait les personnages de La belle équipe de Duvivier.  Bref, Christophe Barratier est un cinéaste cinéphile qui a par ailleurs à cœur de partager sa passion du cinéma puisqu’il est le cofondateur (avec Sam Bobino) du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (que je vous recommande vivement au passage : mon compte rendu de la première édition, en 2014, ici et mon compte rendu de l’édition 2015, à lire là).

    Mais sans doute Christophe Barratier n’était-il pas attendu aux manettes d'un film tel que L’Outsider, thriller financier se déroulant à notre époque et donc très différent des films précités. Alors, ce film (dont on imagine quel défi cela a dû être étant donné l'actualité et le caractère sensible du sujet) est-il aussi une réussite ?

    D’abord, L'Outsider, en plus d'être tiré de l'histoire vraie de Jérôme Kerviel, trader condamné pour avoir fait perdre des milliards d'euros à la Société Générale, est une adaptation du livre écrit par Kerviel lui-même et publié en 2010, L'Engrenage : mémoires d'un trader. A priori le personnage et le sujet n’étaient pas d’emblée sympathiques même si la déchéance du trader pris dans cet engrenage après son ascension fulgurante était éminemment romanesque.

    Plutôt que de se concentrer sur les suites judiciaires, Christophe Barratier a fait débuter son scénario (coécrit avec Laurent Turner, sur une idée de Jérôme Corcos) lors de l’entrée de Kerviel à la Société Générale en 2000 pour le faire s’achever lorsque l’affaire éclate, 8 ans plus tard. Le nom de Kerviel est ainsi connu de tous pour, en 2008, avoir fait les titres de tous les journaux. L’opérateur de marchés de 31 ans, par ses prises de risque, aurait alors pu, en 2008, faire basculer la Société Générale, voire le système financier mondial… Kerviel est condamné deux ans plus tard à cinq ans de prison dont trois ferme et aux plus lourds dommages-intérêts jamais vus pour un particulier: 4,9 milliards d’euros ! Mais Kerviel, c’est aussi Jérôme, un jeune homme ambitieux et fasciné par le monde de la finance entré dans la banque par la petite porte en 2000. Personne n’aurait alors pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader 5 ans plus tard. Seulement Jérôme apprend vite, très vite…peut-être trop. C’est le portrait de cet homme-là incarné par Arthur Dupont que nous dresse Christophe Barratier au-delà de « l’histoire la plus extraordinaire de la finance ». L'Outsider n'est pas un film sur la finance mais un film qui dissèque les mécanismes (avant tout humains et psychologiques) d'une addiction et d'une obsession (pour cette finance) qui ont mené au chaos.

    Levons d’emblée tout suspense quant à la réussite du projet. Elle est indéniable. Je ne m’attendais pas à être ainsi captivée pendant les 1H57 que dure le film et cela dès les premiers plans. Avant même le générique. Le décor glacial et les tons grisâtres plantent le décor. La tension est palpable. Un homme en costume qu’on ne voit que de dos est accompagné manu militari vers la sortie de la Société Générale, avec ses cartons. Comme une marche funèbre, il avance jusqu’à un tas d’ordures depuis lequel les tours invincibles et vertigineuses de la société semblent le défier et le menacer. Et il saute dans le vide. Nous voilà prévenus: la chute est inéluctable. Et la suite est placée sous le sceau de cette menace sans jamais que la tension ne retombe jusqu'au générique de fin.

    J’ai lu qu’on reprochait à Christophe Barratier d’essayer de singer la réalisation d’Oliver Stone (Wall Street) et celle de Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street) et que le résultat n’en étant qu’une pâle copie. Je ne suis pas d’accord. D'abord Paris n'est pas New York et surtout sa caméra très intelligemment dirigée épouse judicieusement la fièvre qui s’empare de Kerviel, la frénésie des tradeurs et du marché, comme un ballet étourdissant et grisant ou bien sa caméra cadre Kerviel au plus près lorsque l’étau se resserre nous enfermant avec lui dans le cadre, suffocant, dans son engrenage sans échappatoire, dans sa tour carcérale. Les scènes à l’extérieur n’existent quasiment pas (le monde "réel" n'est d'ailleurs jamais filmé) comme le monde extérieur n’existe plus pour Kerviel qui perd le sens des réalités, pour qui ne comptent plus que les millions et les milliards avec lesquels il jongle sans en mesurer la valeur réelle ni les conséquences. Tout cela n’est plus que chiffres et ordres scandés, vociférés avec lesquels il semble entretenir une relation presque sensuelle, en tout cas addictive. Ses acolytes sont présentés comme des Dieux tout puissants (les dalles de la Défense en forme de croix lorsque Keller récite Les Evangiles, le dîner qui se réfère à la Cène) et ridicules (la Cène certes mais avec des boites de thon pour dîner dans un appartement dans lequel il faut prendre l’ascenseur pour se rendre à la cuisine) bien souvent quand leur cynisme, leur absence totale de morale, leurs méthodes et manières de mafieux, leur perte de valeurs n’est pas totalement effrayante. Ils n’ont aucune limite, plus de règles…à l’exception de celles que ces grands enfants irresponsables édictent. Celles d'un monde impitoyable et individualiste.

    La clairvoyance n’empêche pas l’empathie et Barratier contrairement à ce qu’on aurait pu penser, sans réaliser un plaidoyer pour Kerviel (les "amitiés" contestables et les choix parfois égoïstes de ce drogué de la finance ne sont pas éludés ni édulcorés) et bien que le film soit adapté de son livre, arrive malgré tout à nous en faire éprouver pour son anti-héros pris dans une spirale infernale, dans l’ivresse de cette puissance qui le grise et l’égare, et dans laquelle il se jette comme d’autres se seraient jetés dans la drogue ou l’alcool. Son addiction redouble d’ailleurs après la mort de son père (scène bouleversante). Il devient dépendant à cette adrénaline. Si le film n’est pas un plaidoyer, quelques phrases sybillines nous laissent juges du possible aveuglement plus ou moins volontaire de la Société Générale : « -Comment expliquer qu’ils n’aient rien dit. -Je ne me l'explique pas. », « On réglera ça sans faire de vagues. » , « Ils sont aveugles ET incompétents. », "On m'a laissé faire, c'est pas suffisant comme preuve?"

    Pour incarner Kerviel, Barratier, une fois de plus, après Jean-Baptise Maunier et Nora Arzeneder, a choisi un acteur dont il fait éclater le charisme et le talent. Arthur Dupont crève littéralement l’écran et arrive d’abord à nous faire oublier qu’il n’est pas Kerviel et à devenir Jérôme, et en une même scène et parfois en un quart de seconde à nous faire passer de l’agacement (mais pourquoi donc n’ouvre-t-il pas les yeux ?) à l’empathie malgré son obstination, son aveuglement, sa descente aux Enfers bien qu'il surplombe Paris et pense dominer le monde. L’évolution du personnage se ressent dans le regard même de l’acteur qui semble s’assombrir. Même si Arthur Dupont a déjà pas mal de films à son actif, sans aucun doute ce rôle va-t-il lui ouvrir une voie royale. Face à lui l’obséquieux Keller est interprété par François-Xavier Demaison volubile à souhait et savoureusement détestable (même s’il se rachète en une scène), d’un cynisme redoutable comme lors des attentats de Londres salués par des hourras : « Je n'ai jamais gagné autant que le 11 septembre », « Pense à envoyer un mot aux familles des victimes que leurs proches sachent qu’ils ne sont pas morts pour rien. » , « La seule chose qui me fasse flipper c'est qu'on abolisse l'argent. » L’ironie est à son comble quand on sait que Demaison a arrêté sa carrière de trader après avoir vécu le 11 septembre à New York. De même que dans l’attention portée à la photographie, le goût de Barratier pour le cinéma des années 30 (qui savait tant les sublimer) se retrouve aussi dans ses choix avisés de seconds rôles comme Stéphane Bak, Benjamin Ramon ou Sören Prévost (notamment).

    Un mélomane et musicien comme Barratier ne pouvait non plus ignorer la musique ( de Philippe Rombi à qui l’on doit notamment la musique de Joyeux Noël ou celles des films de François Ozon) qui, ici, accentue le sentiment d’angoisse ou l’émotion qui surgit et nous saisit. C’est prenant comme un film d’Hitchcock, ces histoires d’hommes ordinaires à qui il arrive des choses extraordinaires. Et le McGuffin, ce sont ici ces fameux milliards qui d’un moment à l’autre vont exploser à la face du monde. La photographie (de Jérôme Alméras, après celle également magnifique signée Tom Stern dans Faubourg 36) qui nous immerge dans un univers grisâtre, froid, déshumanisé et faussement aseptisé (ce à quoi font exception les scènes filmées en Bretagne ou les quelques scènes à La Baule, lors du consternant séminaire de la Société Générale -qui l'est d'autant plus qu'il est inspiré de faits réels qui avaient d'ailleurs défrayé la chronique-), ou qui plonge dans l’ombre la commission d’enquête contribue aussi à ce climat d’angoisse.

    Le talent d’un grand cinéaste comme celui d’un grand chef est de faire aimer ce qui a priori vous rebute. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour le monde de la finance et y étais même plutôt réfractaire, mais Barratier a réussi non seulement à vulgariser cet univers mais aussi à me le rendre aussi passionnant et palpitant qu’un trépidant thriller. Son film pourrait d’ailleurs illustrer un cours de scénario : ellipses à-propos (Kerviel sous le feu des blagues méprisantes qui deux ans plus tard en est l’auteur et répond avec aplomb aux sarcasmes), dialogues percutants, répliques et expressions mémorables (« CDH »), touche sentimentale (très bon choix de Sabrina Ouazani) sans qu'elles fassent tomber le film dans le mélo, caractérisation des personnages en quelques plans et répliques (le père, pas dupe), rythme haletant et personnage victime d'un système et d'une obsession et une addiction qui le dépassent... et donc attachant... malgré tout.

    Un film fiévreux, intense, palpitant, captivant, et même émouvant, et très ancré dans son époque et dans le cinéma contemporain tout en s'emparant du meilleur des films d'hier qui ont forgé la culture cinématographique du réalisateur. J’en suis ressortie étourdie comme après un tour de manège et surtout désireuse de suivre désormais de près cette « affaire Kerviel » que je n’écoutais que d’une oreille distraite et derrière laquelle je verrai désormais Jérôme, ce jeune breton pris dans un engrenage infernal. Plutôt que d’aller voir le dernier et énième blockbuster américain, pour la fête du cinéma, courez voir L’Outsider qui allie l'énergie que l'on prête plutôt aux films américains (d'ailleurs parfois à tort, certains reprochant d'ailleurs au film de Barratier et avec une évidente mauvaise foi ce dont ils feraient l'éloge si son nom et le film étaient américains, ces préjugés envers le cinéma français toujours prétendument moins ceci ou cela que les films venant d'ailleurs et a fortiori des Etats-Unis me lasse et m'exaspère)  à la sensibilité d’un film français et dont le succès futur Outre-Atlantique ne me surprendrait pas et ne serait pas usurpé. Un "Outsider" qui, à l'image de celui dont il conte l'histoire, pourrait bien créer la surprise au box office, mais contrairement à son protagoniste, une très bonne surprise...

  • Concours - Gagnez vos pass pour le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

    Du 11 au 15 novembre, j'ai le plaisir d'être invitée au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule que je vous ferai vivre en direct sur mes blogs et sur twitter. Je m'en réjouis d'autant plus que j'avais particulièrement apprécié la première édition et que le programme de cette édition 2015 est encore plus riche, diversifié et enthousiasmant. En partenariat avec le festival, j'ai aussi le plaisir de faire gagner des pass pour le festival à trois d'entre vous (deux pass par gagnant, vous pourrez donc venir avec la personne de votre choix). En cliquant sur l'image ci-dessous, vous pourrez accéder au concours (attention: vous n'avez que quelques jours pour participer) mais aussi au programme complet et détaillé du festival, à mes bonnes adresses à La Baule, à toutes les informations pratiques et à mon compte rendu de l'édition 2014. Bonne chance et peut-être à bientôt à La Baule!

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  • Compte rendu et palmarès du 1er Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule

    Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à mon article sur mon site http://inthemoodforfilmfestivals.com.

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  • « Faubourg 36 » de Christophe Barratier : un hommage au cinéma d’hier ( ce soir, sur France 2)

    Si vous n'avez pas TPS star et/ou que je n'ai pas réussi à vous convaincre de regarder "Les noces rebelles", vous pourrez toujours regarder "Faubourg 36" sur France 2 dont vous pouvez retrouver ma critique, publiée lors de la sortie du film, ci-dessous.

    faubourg 36.jpg

    Je l’avoue : je n’avais aucune envie de voir ce film, la bande annonce me laissait présager un film daté et artificiel mais ayant vu tous les autres films à l’affiche dans mes cinéma favoris, je me suis finalement laissée tenter. Il m’a fallu un petit bout de temps pour m’accoutumer à ce cinéma désuet, à sa succession frénétique de plans, de situations et de personnages stéréotypés et puis je me suis replongée sans déplaisir dans mes souvenirs de ce cinéma que j’aimais tant : celui de Carné, de Duvivier, de Becker (Jacques) , celui de l’avant-guerre , perdu quelque part entre les espoirs du Front populaire et la montée des extrêmes et de l’antisémitisme, avec des références aussi à celui que l’on appelait de qualité française (cinéma de studio et de scénaristes d’après-guerre. )

     Evidemment ce film n’a rien à voir avec « Entre les murs » par exemple actuellement à l’affiche et il ne prétend d’ailleurs nullement au même cinéma (si vous ne devez voir qu’un film ce mois-ci c’est évidemment celui de Laurent Cantet) mais aussi diamétralement opposés que soient leurs styles et leurs écritures (d’ailleurs ne vous y trompez pas « Entre les murs » est un film très écrit, parfaitement écrit  même au point de donner cette parfaite illusion du documentaire, de vérité prise sur le vif) je les crois portés par la même sincérité, la même envie de mener un genre à son paroxysme, le même perfectionnisme.

    Dans un faubourg populaire du nord de Paris en 1936, l'élection printanière du gouvernement de Front Populaire fait naître les plus folles espérances et favorise la montée des extrêmes. C'est là que trois ouvriers du spectacle au chômage Pigoil, Milou et Jacky  ( respectivement incarnés par Gérard Jugnot, Clovis Cornillac et Kad Merad) décident d'occuper de force le music-hall qui les employait il y a quelques mois encore, pour y monter un "spectacle à succès".

    Clovis Cornillac ressemble à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier dans « Les Choristes » avec lequel elle a un commun une fraîcheur et un talent éclatants) à Michèle Morgan : tous deux font inévitablement penser au couple mythique Nelly et Jean du « Quai des Brumes » de Marcel Carné auquel un plan d’ailleurs fait explicitement référence. Bernard-Pierre Donnadieu (Galapiat), quant à lui,  fait penser à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans « Les enfants du paradis » de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans « Le jour se lève »  du même Carné  ou  dont j’ai d’ailleurs cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  font d’ailleurs penser à ceux de Trauner, avec cette photographie exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l'amitié qui unit les protagonistes de ce "Faubourg 36" fait évidemment penser à celle qui unissait ceux de "La belle équipe" de Duvivier. (Voir mes critiques des films précités dans ce paragraphe en cliquant ici).

      Barratier assume donc ses références, celles d’un cinéma académique, classique et populaire, prévisible,  empreint d’une douce nostalgie. Dommage qu’il n’ait pas trouvé un dialoguiste du talent de Prévert et qu’à la fin les personnages incarnés par Clovis Cornillac et Nora Arnezeder passent au second plan mais après tout le film s’intitule « Faubourg 36 » : c’est lui le vrai héros du film, lequel n’est pas vraiment une comédie musicale (même si la fin du film s’y apparente avec une belle énergie), plutôt un film sur un music hall, ceux qui le font vivre, pour qui il est une raison de vivre. Le destin, le conte de fée  d’une « Môme » qui assume pleinement le genre du film  sans les excès mélodramatiques et les maquillages outranciers du film éponyme...auquel quelques plans font d’ailleurs étrangement songer.

     On en reste peut-être un peu trop à distance comme on regarderait un beau spectacle avec l’impression que ses artistes s’amusent beaucoup entre eux mais ne nous font pas totalement entrer dans la danse mais ce voyage dans le temps et dans le cinéma d’hier que Christophe Barratier fait revivre le temps d’un film vaut néanmoins le détour ne seraient-ce que pour la beauté des plans emportés par une caméra dynamique, et pour ses comédiens portés par une énergie admirable au premier rang desquels François Morel qui apporte ici sa fantaisie imparable, Pierre Richard et sa bonhomie clownesque, Gérard Jugnot sa touchante justesse, Kad Merad son goût du second degré et sa –belle- voix que l’on découvre, et les seconds rôles qui, à l’image de ceux du cinéma auquel Barratier rend hommage, existent réellement.

     Quatre ans après « Les Choristes » (8 million de spectateurs) Christophe Barratier avec son second film a eu l’intelligence de ne pas forcer sa nature, d’être fidèle à ses convictions cinématographiques et impose  ainsi son style joliment désuet, musical, mélancolique, sentimental, photogénique (Tom Stern, photographie de Clint Eastwood signe ici la photographie) et enthousiaste avec une résonance sociale finalement très actuelle. Le film d’un réalisateur qui aime indéniablement le cinéma, ses acteurs et ses artifices revendiqués, et rien que pour cela, pour cette sincérité ce « Faubourg 36 » vaut le détour.

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  • Bilan du salon du cinéma 2008 (suite et fin): la cour des miracles

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                                               Photo ci-dessus: Les allées du Salon du cinéma, vendredi matin

    e9b272e1fa2877d18b62146b27fc1819.jpgUn bilan délibérément désordonné de ce salon du cinéma 2008 à l’image de ce qu’a été ce dernier malgré une initiative très louable et de nombreux aspects positifs. Peut-être est-ce après tout un hommage  artistique à la Nouvelle Vague que de superposer ainsi les voix, les sons … laquelle superposition créait une cacophonie tantôt risible, tantôt agaçante, principal défaut de ce salon résultant de la typographie des lieux (un hall impersonnel, glacial, et résonant –et aspirant pourtant surtout à faire raisonner- du parc des expositions). L’autre défaut résulte de l’organisation de l’espace professionnel dont l’initiative est là aussi très louable, notamment dans le désir de permettre aux jeunes auteurs (condition d’inscription : une sélection d’un film en festival), notamment par le biais de l’espace ciné-connexion et d’ateliers, de rencontrer des professionnels et de permettre aux professionnels de réfléchir et débattre sur leurs professions mais en raison de changements d’horaires de dernière minute, du manque de lisibilité du site internet officiel du salon, et d’un espace professionnel à l’accès labyrinthique, je me suis ainsi retrouvée seule avec trois intervenants notamment du CNC à une conférence sur les aides à l’écriture (qui aurait dû en intéresser plus d’une, et à laquelle je n’étais d’ailleurs pas la seule inscrite !), laquelle, ou plutôt lequel entretien particulier, s’est néanmoins avéré pour moi passionnant.

    f80c34778e7f8acfda0a89de7ff9c30f.jpgQuelques informations, observations, remarques glanés au fil de mes déambulations coupables (oui, coupable : coupable de zapper ainsi entre les stands tel un spectateur glouton et consumériste mais je vous rassure, je ne me suis pas laissée aller à manger du pop corn dont la présence m’a quelque peu enragée, je vous rassure de nouveau, je n’ai pas côtoyé les bêtes sauvages présentes au salon pour les démonstrations des dresseurs ensuite et ne leur ai pas transmis, ma rage donc, et encore moins les pop corns) entre les rayons stands :

    -Marc Esposito a annoncé que son prochain film serait l’histoire de « L’amitié entre deux filles », et même s’il n’est qu’à la trentième page du scénario il a annoncé déjà savoir les deux comédiennes « connues » avec lesquelles il désire tourner ;

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    Christophe Barratier, Julien Rappeneau, Nora Arnezeder venus évoquer "Faubourg 36"

    4667178e1cde8989fb836ca20d630b4b.jpg-Un partie de l’équipe du film de « Faubourg 36 », le second long-métrage  de Christophe Barratier après «  les Choristes » (la jeune comédienne Nora Arnezeder, le scénariste Julien Rappeneau et le réalisateur Christophe Barratier) était également présente.  C’est avec beaucoup de passion que le cinéaste a présenté son film et surtout qu’il a défendu le scénario (ça fait plaisir !),   et son attachement à celui-ci qu’il estime essentiel, se positionnant en digne héritier du cinéma de Duvivier, Carné et Prévert ou Charles Spaak. Pour lui « Le cinéma, avant d’être de la pellicule, ce sont d’abord des écrits », prenant ainsi pour exemple la grève des scénaristes (qui se poursuit)  aux Etats-Unis : « Quand les scénaristes ne travaillent plus, la production entière est paralysée. » Même s’il faut apporter un bémol à ces propos,  la situation française étant différente de la situation américaine de par la tradition, héritée de la Nouvelle vague, de l’auteur réalisateur. Puis Christophe Barratier revient à « Faubourg 36 » qui, comme les films des réalisateurs et scénaristes précités, se déroule pendant le Front Populaire empruntant son style à plusieurs genres différents : film noir, comédie dramatique, comédie musicale, histoire d’amour... Il se réfère ainsi à « La belle équipe » (cliquez ici pour lire mon analyse du film de Duvivier), comparant ainsi Clovis Cornillac à Jean Gabin, Jugnot à Blier et Nora Arnezeder à Michèle Morgan ou Simone Simon dans « La Bête humaine » (Cliquez ici pour lire mon analyse du film en question). Il évoque également son directeur de la photographie, le talentueux Tom Stern (qui a  beaucoup travaillé avec Clint Eastwood, notamment sur « Million dollar baby » ou encore sur « Les Sentiers de la perdition » ou « American beauty »), il l’a choisi pour sa capacité à créer une  lumière très contrastée, volontairement irréelle. Il est ensuite revenu sur les deux ans d’écriture du scénario, sur l’angoisse et la part de confort que celle-ci représente comparant le cerveau à un ordinateur qui n’arrive pas à se mettre sur le mode veille durant cette période d’ébullition créatrice. Pour lui « Faubourg 36 » est une fable dont l’objectif est que ce soit « beau et pas réaliste » revendiquant l’aspect artificiel du film, son côté « film de studio » puisque tous les décors ont été refaits en studio. Enfin, il a évoqué la musique revendiquant là aussi ce que certains critiques appellent parfois « une musique envahissante » et prenant de nouveau pour exemple le cinéma d’avant-guerre alors qu’elle était omniprésente.  Ce film, qui sortira en septembre, s’annonce comme un film dans la tradition de ceux appelés «  de qualité française », dénué de l’aspect péjoratif du terme mais revendiquant au contraire ses artifices au service d’une œuvre imaginaire, irréaliste, s’assumant comme telle.

    12dd0f025e7337e96952e05f2f5d15f5.jpg-Puis, un passage à l’espace professionnel pour assister à la conférence « Pourquoi le scénario est-il le parent pauvre du cinéma ? » dont l’intitulé provocateur même a suscité le débat et la controverse. Une conférence passionnante sur les différentes manières d’appréhender ce métier qui se revendique (oui, on a beaucoup revendiqué à ce salon) de plus en plus comme tel, ou plutôt à être légalement reconnu comme tel (le scénariste n’a pas de statut juridique). Pendant ce temps pour la énième fois avec une sonnerie et une voix d’aéroport, on annonçait qu’un aigle royal allait survoler nos têtes (qu’est- ce que vient faire un aigle royal là-dedans me direz-vous, je ne vous le fais pas dire). On apprendra notamment que c’est une « profession aventureuse », (on peut peut-être trouver finalement un lien avec l’aigle royal) un terme qui n’est pas pour me déplaire, et que le scénario est l’âme d’un film.

    On a aussi beaucoup évoqué le recul du cinéma français par rapport au cinéma américain, en 2007. Un critique (qui se « revendique » comme tel en tout cas) prend alors la parole pour dire ou plutôt asséner que, selon lui,  dans l’année passée seuls 3 films français étaient dignes de ce nom…il n’a néanmoins pas été capable de les citer… (j’en vois déjà au moins 5…, voir mon palmarès des films incontournables de 2007). Un producteur de Fidélité prend « Je vous trouve très beau » pour exemple pour évoquer le cinéma d’auteur. Ah bon ?

    8b8c612338712fba8126e8f8efaecf16.jpg-Je me rends ensuite au stand « Grand  forum » où ont lieu les rencontres avec les équipes de film. Une femme intemporelle dubitative devant les intervenants avance le nom de Lelouch (parce qu’il a les cheveux gris bouclés, dit-elle) . En fait  de Lelouch c’est Charles Berling (qui a bien des  cheveux mais ni vraiment gris, ni vraiment bouclés), Bruno Putzulu, une partie de l’équipe de « Père et fils » dans lequel ils avaient tourné avec Noiret, interprétant ses fils dans le film de Michel Boujenah également présent,   et Frédérique Noiret pour un hommage à son père Philippe Noiret. Beaucoup de tendresse émane de ce quatuor et beaucoup d’émotion et d’admiration pour l’acteur récemment décédé. Passant du Sans-souci humble, pudique, talentueux et d’une grande dignité. Les anecdotes pleuvent. L’un raconte comment devant l’émotion de Rochefort de le voir si malade Noiret avait rétorqué « Pas de 0286aacb9869170a60d0ac10af1b0e36.jpgsentimentalité entre nous, ce n’est pas notre emploi ». Berling raconte comment dans le restaurant d’un hôtel où ils s’étaient retrouvés, éberlués, entourés de personnes âgées  Noiret, si jeune d’esprit, avait maugréé « Y a que des vieux » avant de réaliser qu’il en faisait partie, lequel Berling a fumé un cigare pendant toute la rencontre en signe d’anticonformisme, un peu sans doute, d’hommage à Noiret, beaucoup surtout (« Ce cigare brûle pour lui. Ce n’est pas Charles Berling qui fume mais Philippe Noiret » a-t-il répondu à un spectateur extrêmement perspicace qui lui demandait ce qu’il pensait de la loi anti-tabac). Sa fille a évoqué un homme qui, même malade, était « à terre » mais « jamais malade ou affaibli ». Pour les autres en tout cas. « Sur une scène de théâtre il avait la sensation que la mort n’avait pas le dernier mot » évoquant ainsi à quel point il arrivait à transcender la maladie sur scène notamment dans « Love letters » sa dernière pièce. Magie du jeu. Magie du théâtre. Magie de l’acteur, plus fort que l’homme, que la mort qui rôde. Ses comparses de cinéma évoquent aussi sa pudeur, comment dans un restaurant il dira « je me régale » alors qu’il ne sentait plus le goût des aliments ou son humour et sa distance caustique en toute circonstance, comme lorsqu’il devait tomber dans une tombe pour une scène de « Père et fils » et qu’il avait déclaré « Je fais des repérages ».

    -Je termine mes déambulations, toujours coupables, et non moins réjouie, par la vente aux enchères de photos du magazine Studio au profit notamment des Toiles enchantées. J’observe avec amusement le cinéma de Cornette de Saint Cyr…et qu’Alain Chabat vaut plus que Woody Allen ou Jean-Luc Godard…à une vente aux enchères en tout cas !

    De ce salon je reviendrai avec de nombreuses informations utiles et j’ai apprécié l’obstination des organisateurs par les choix d’intervenants et de sujets à démontrer que le scénario n’est pas « le parent pauvre du cinéma » lui accordant une large place dans son espace professionnel dans le cadre des débats et des ateliers mais aussi dans l’espace public, invitant de nombreux scénaristes et mettant le scénario (également dans le cadre de l’espace Carte noire consacré aux adaptations littéraires) à une place privilégiée. Les organisateurs peuvent aussi se féliciter davoir choisi Jean-Jacques 7f4681aa43a7be883590d876e736808b.jpgAnnaud pour parrain de cette édition 2008, très présent, ce dernier n'ayant économisé ni ses efforts, ni sa disponibilité pendant toute la durée du salon. La principale difficulté pour les années  à venir sera probablement de trouver un juste équilibre entre professionnels et public, l’objectif initial étant de faire découvrir les métiers du cinéma au grand public (lequel objectif est également je pense pleinement rempli). Et surtout la grande amélioration consisterait à trouver un lieu plus digne du septième art : pourquoi pas aux jardins des Tuileries ? Au parc Monceau ? Au Jardin du Luxembourg ? Ce qui permettrait également de mieux entendre les projections (dont les horaires étaient un peu trop fluctuants)… même si cela aurait pour conséquence d’être tributaire des variations climatiques et de susciter d’éventuelles échappées belles des aigles royaux…  Et la petite amélioration consisterait à oublier le pop corn qui donne à mon goût exigeant une saveur fade de cinéma jetable à l’ensemble. Malgré ces quelques critiques ou plutôt souhaits d’amélioration (ce n’était après tout que la deuxième édition), j’attends le Salon 2009 avec impatience et encourage tous les passionnés de cinéma à s’y rendre, je vous recommande d’y aller plutôt le jeudi (pour les professionnels) ou le vendredi où il y avait étonnamment peu de monde même si le salon a fini avec le score plus qu’honorable de 70000 entrées, le score d’un film d’auteur en somme…tout est bien qui finit bien, alors !

    Sandra.M

    (Photo ci-contre: Jean-Jacques Annaud en pleine démonstration...) 
      
     Alexandre Arcady sur le stand "Alexandre film" venu présenter "Tu peux garder un secret" 
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